En pleines vacances, une grève des aiguilleurs du ciel, la troisième de l'année contre un projet gouvernemental de fusion européenne du contrôle aérien, a provoqué mercredi nombre d'annulations de vols, mais pas de panique chez les voyageurs.
Le préavis de grève se termine vers 6H00 jeudi et les perturbations doivent se résorber rapidement.
Mercredi à Orly un vol sur deux a été annulé et à Roissy un sur dix.
Les autres grosses plates-formes les plus touchées ont été celles de Toulouse, Beauvais,
Marseille, Nice, Lyon et Bordeaux, avec un cinquième à un tiers d'annulations.
Les aéroports de Metz, Dinard, Pau, La Rochelle et encore Biarritz ont été fermés momentanément ou totalement.
La participation au mouvement a été "forte" selon la CGT, engagée avec la CGC, FO et l'Unsa/Iessa.
Selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), l'action a été "moyennement suivie", avec 30% de grévistes parmi les contrôleurs, 10% pour l'ensemble du personnel. La mobilisation chez les contrôleurs est la même que lors des précédentes grèves en janvier et février.
Ces perturbations n'ont pas entraîné de pagaille dans les aéroports, ont constaté des journalistes de l'AFP. En fin d'après-midi, le calme dominait dans les aérogares parisiennes, ont indiqué des sources aéroportuaires.
Parfois les clients étaient davantage remontés contre les compagnies ou les voyagistes que contre les grévistes. Raphaël Carrasco, se rendant au Mexique depuis Orly, pestait contre Go Voyages, relevant "un problème d'information et de réactivité" alors qu'il ignorait si son vol était assuré.
Alors que le gouvernement juge la grève "inappropriée", la compagnie irlandaise Ryanair a demandé que l'armée s'occupe du contrôle aérien pour que "les innocents passagers ne soient pas pris en otage".
La CFDT a eu aussi des mots durs: "c'est pas le moment d'embêter" les vacanciers, a asséné son numéro un, François Chérèque.
Cible du mouvement, la forme que prendra le bloc d'Europe centrale (Fabec), rassemblant le contrôle aérien de la France et de cinq voisins, dans le cadre d'un ciel unique européen.
Le gouvernement veut une fusion alors que l'intersyndicale prône une coopération pour éviter tout "démantèlement" de la DGAC et une baisse du niveau de sécurité.
Cependant, selon un fin connaisseur du dossier, "le gouvernement joue au poker menteur car la fusion ne pourra avoir lieu, l'Allemagne y étant opposée".
"Un accord international devrait être signé le 2 décembre" sur le Fabec, dont la création s'accompagnera "de nombreuses garanties, notamment pour le personnel français" qui gardera "le statut de fonctionnaire", a assuré mercredi le gouvernement.
Le député UMP Lionnel Luca a critiqué des aiguilleurs qui "ne manquent pas d'air" de faire grève étant donné qu'ils sont "mieux payés" et "travaillent moins" que beaucoup d'autres, comme l'a souligné la Cour des comptes début 2010.
Malgré ces salves de critiques, l'intersyndicale promet une nouvelle grève en septembre "si le gouvernement ne bouge pas" sur le dossier Fabec. "Cela fait 7 jours de grève pour 2010, autant de salaires perdus mais on ne peut pas ne rien faire", estime Olivier Joffrin (CGT).
Boycottées par l'intersyndicale, des négociations à la DGAC sur un accord social pour trois ans devaient se poursuivre dans la soirée et déboucher sur des signatures d'autres organisations.
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